Palos: Hier et Aujourd’hui
Beaucoup d’entre nous ont gravé dans leur rétine des photographies plus ou moins historiques de notre localité. Certains se souviendront de la célèbre photo du prêtre de Palos à la porte de la maison des Pinzón avec quelques filles, dames et d’autres personnes se promenant dans la rue ou devant chez elles ; d’autres se rappelleront tant de cartes postales de la Fontanilla, avec les agaves, sans les agaves, avec un chemin de terre derrière elle, ou à moitié enterrée avec le père Sebastián la pointant. Ou encore celles de notre paroisse de San Jorge, à l’extérieur comme à l’intérieur. Tellement de celles de notre mère et patronne, la Vierge des Miracles, quand elle se parait de fins tissus, sans ses vêtements mais avec la polychromie, après la restauration réalisée à la fin de la Guerre civile, se promenant sur la rivière en bateau ou lors de ses processions et pèlerinages. Beaucoup d’autres très connues du Couvent de la Rábida et de son environnement, les jardins, la Colonne des Découvreurs ou avec la célèbre palmera dans la descente de cette colonne, traditionnellement appelée “la palmera de Colón”. Tant et tant d’instantanés qui nous ont montré un peu de l’histoire de notre ville au cours des deux derniers siècles.
Église de San Jorge Martyr.
J’ai reçu la mission de notre Mairie, par l’intermédiaire de son maire, M. Carmelo Romero, d’organiser et de réaliser une exposition où l’on pourrait rassembler toutes les photographies historiques les plus importantes de Palos de la Frontera et les confronter avec d’autres actuelles que je réaliserais pour voir dans cette comparaison le passage du temps et la transformation qu’a subie notre municipalité. C’était pour moi très enthousiasmant, car, comme beaucoup le savent, je suis un passionné de notre histoire locale et j’aime faire des recherches ; mais en même temps, cela représentait aussi l’un des plus grands défis qui m’ait été posé dans ma carrière professionnelle. J’ai commencé à fouiller, comme c’était logique, parmi les archives de mon père, Gonzalo Muñoz, tant d’années consacrées à cette noble profession. J’ai obtenu beaucoup d’indices pour ma recherche ; aussi parmi les habitants de Palos qui, de manière anonyme et désintéressée, ont commencé à me proposer des images de toutes sortes, beaucoup que je connaissais déjà et d’autres d’une grande valeur et qui m’étaient inconnues. Je tiens à remercier la famille Arjonilla d’avoir mis à ma disposition l’archive personnelle de M. Manuel Arjonilla, pharmacien de notre ville pendant de nombreuses années, où j’ai trouvé de véritables joyaux pour la réalisation de ce travail.
Comparaison de la Mairie, années 50 du XXe siècle, 2019.
Dans la photothèque du Patrimoine Historique, j’ai également localisé une grande quantité de ces images historiques de notre ville que notre Mairie a judicieusement acquises pour les conserver dans nos archives locales. Parmi elles, il y a beaucoup du photographe portugais Antonio Passaporte, qui a travaillé en Espagne pour la maison photographique Loty entre 1927 et 1936, réalisant de nombreuses instantanés des monuments espagnols ; parmi les auteurs figure également le Français Jean Laurent, l’un des photographes les plus importants du XIXe siècle, devenu photographe officiel de la Cour espagnole, et qui a capturé une multitude de vues panoramiques de villes, paysages, monuments et œuvres d’art de la péninsule.
Environs de la Fontanilla, archive “Loty” et de nos jours.
Cependant, comme cela arrive souvent, le meilleur filon que j’ai trouvé presque par hasard, c’est qu’à un moment donné de mes recherches, je suis tombé sur une photo des porteurs d’eau de Palos arrivant sur la place de la mairie en distribuant le précieux liquide. C’était dans un groupe du réseau social Facebook, appelé “Photos anciennes d’Espagne”. Ils ont également exposé des photos d’un épicier bien connu de notre localité. En suivant le fil, j’ai localisé l’auteur de celles-ci, Frank J. Scherschel, photographe américain qui nous a visités en octobre 1954, qui a réalisé environ 600 photos, en noir et blanc comme en couleur – que j’ai toutes localisées – et qui reflétaient la vie quotidienne des modestes habitants de Palos à cette époque. Il travaillait pour la célèbre revue LIFE, dans laquelle ce reportage a été publié sur six de ses pages, avec un texte – en anglais – entièrement consacré à notre ville historique. De plus, notre mairie a opportunément acquis l’un des exemplaires de ladite revue qui sont conservés pour le déposer dans nos archives.
Monastère de Santa María de la Rábida.
Avec cette quantité énorme de matériel et en compagnie de notre archiviste et historien local, M. Eduardo García, nous avons réalisé la sélection des images qui composent cette exposition et de celles que je devais refaire du même angle – ou approximatif – de nos jours pour pouvoir, comme je l’ai dit auparavant, comparer dans les deux la transformation qu’a connue notre localité. Cette dernière tâche a résulté en quelques prises de vue, très difficiles à réaliser, car la prise de vue depuis le même angle de certaines des photographies de nos jours était pratiquement impossible en raison des changements profonds qu’avaient connus certaines des localisations, c’est pourquoi il a fallu légèrement modifier l’angle dans certaines d’entre elles.
Auteur : Miguel Ángel Muñoz Quintero.